Du 10 au 17 juillet 2025, Besançon s’est transformée en capitale mondiale du français, accueillant le 16e Congrès mondial de la FIPF. Cet événement d’une ampleur exceptionnelle a réuni enseignants, chercheurs et formateurs autour d’un même objectif : imaginer l’avenir de la langue française et de son enseignement. Au cœur de cette semaine riche en rencontres et découvertes, j’ai pris part à un atelier novateur et inspirant : Philodéfi, une démarche pédagogique originale qui réinvente la façon d’aborder la philosophie et la littérature en classe.
Une rencontre inspirante avec Bénédicte Marcireau
L’atelier a été animé par Bénédicte Marcireau, co-créatrice du jeu pédagogique Philodéfi. C’était une belle occasion non seulement de découvrir la richesse de cette méthode, mais aussi de la rencontrer personnellement. Nos échanges ont immédiatement ouvert le désir commun pour une future collaboration, afin de faire connaître cette approche en Roumanie, à travers des ateliers et des formations destinées aux enseignants.
Philodéfi : apprendre à penser par le jeu de cartes illustrées
Le principe est simple et puissant : « en une image, découvrir l’essentiel d’un auteur ». Lors de l’atelier, nous avons expérimenté concrètement la méthode : chaque carte illustre la pensée d’un auteur à travers des symboles précis. Les participants sont invités à les décrypter, en observant les symboles et en collaborant pour répondre aux questions, ce qui transforme l’apprentissage en une expérience interactive, stimulante et profondément engageante.
Cette démarche transforme toute la classe en un espace vivant, interactif et créatif, où l’apprentissage devient un défi motivant et ludique. Pendant l’atelier, j’ai travaillé en binôme avec Meryem Kidari, une jeune professeure du Maroc, sur les cartes consacrées à Voltaire. L’expérience a été particulièrement enrichissante : réfléchir, comparer nos approches et confronter nos contextes éducatifs respectifs a mis en lumière la richesse de la coopération internationale entre enseignants.
Une méthode qui change le regard sur la littérature et la philosophie
Philodéfi ouvre des perspectives nouvelles pour rendre l’enseignement des lettres et de la philosophie plus attractif et formateur. Alors qu’au Maroc, la littérature occupe une place importante dans les programmes scolaires, en Roumanie la situation est tout autre : les manuels de français langue étrangère utilisés dans les lycées sont inchangés depuis plus de vingt ans et n’accordent qu’une place marginale aux textes littéraires.
Cette réalité est aggravée en Roumanie par les réformes récentes du Ministère de l’Éducation et de la Recherche qui réduisent le nombre d’heures de langues étrangères, passant de 2 heures de cours de FLE – français langue étrangère à 1 seule heure hebdomadaire pour la classe de FLE. Une décision qui met en péril la qualité de l’enseignement, décourage élèves et enseignants, et risque d’accentuer l’absentéisme et l’abandon scolaire. Loin de répondre aux besoins éducatifs réels, ces mesures sapent la motivation et portent atteinte au droit fondamental des jeunes roumains à une éducation de qualité.



Mon expérience à Besançon, aux côtés de Bénédicte Marcireau et de Meryem Kidari, m’a confortée dans l’idée que l’innovation pédagogique est indispensable pour répondre aux défis actuels de l’éducation. Philodéfi n’est pas seulement un jeu de cartes illustrées, mais un outil puissant pour réinventer l’apprentissage et redonner du sens à nos disciplines.
Une vision tournée vers l’avenir
Dans ce contexte tendu, marqué par une véritable crise du système éducatif, la découverte de Philodéfi apparaît comme une source d’espoir et de renouveau pédagogique. En intégrant des pratiques ludiques, interactives et visuelles, cette méthode permet non seulement d’améliorer la compréhension et la mémorisation, mais aussi de développer la pensée critique et la créativité des élèves.
Introduire Philodéfi en Roumanie, c’est offrir aux jeunes une occasion de renouer avec la littérature et la philosophie à travers une démarche qui éveille la curiosité, développe l’esprit critique, encourage la coopération et renforce l’autonomie.
C’est avec enthousiasme que je souhaite porter cette initiative en Roumanie, convaincue qu’elle peut devenir une passerelle entre cultures éducatives et un levier pour l’avenir de l’enseignement du français langue étrangère et de la philosophie.