Le Pouvoir Libérateur de l’Enseignant: Faire des Erreurs pour Inspirer les Élèves et les Motiver à l’Apprentissage Autonome
L’éducation est un voyage partagé, façonné autant par l’enseignant que par les élèves. Cependant, dans la quête constante de perfectionnement académique, l’idée de l’enseignant faisant des erreurs peut sembler inhabituelle. Pourtant, considérer le droit de l’enseignant de faire des erreurs comme une stratégie pédagogique peut ouvrir des portes insoupçonnées vers un apprentissage plus profond et significatif.
Inspirée par l’écrivain Daniel Pennac qui, à la place de l’injonction de lire (Lis ! Lisez!), propose un anti-dogme scandaleux : „le droit de ne pas lire”, car lire n’est pas une obligation, mais un droit que chacun n’a qu’à s’assumer, je me suis mise à rédiger cet article afin de mieux mettre en évidence le rôle novateur de l’enseignant qui, ayant ce pouvoir libérateur d’oser l’imperfection, choisit consciemment de faire des erreurs en classe avec ses élèves. Si l’enjeu de l’apprentissage est d’éveiller chez l’autre son attention et son propre désir d’apprendre, grâce à une relation ternaire dans laquelle chacun existe et peut s’affirmer, alors inspirer et motiver les élèves à l’apprentissage autonome représente un phénomène de médiation dont l’efficacité dépend de l’attitude de celui qu’on souhaite influencer. Cette technique d’intervention paradoxale est utilisée dans la psychothérapie brève de l’école de Palo Alto qui met en évidence l’idée que, dans la communication, la compréhension du sens d’un comportement exige de le remettre dans le contexte global de l’interaction des acteurs concernés, parce que le sens est une construction, le résultat d’un contexte où tous les éléments sont mis en réseau. Pour ‘donner sens’ à un comportement, il faut le resituer dans un système ou le mettre dans un cadre qu’on appelle aussi forme ou Gestalt. Dans la psychologie de la forme, l’accent est mis sur les relations que la pensée réalise entre un élément et son contexte. Entre la perception et les intérêts ou les attentes d’une personne s’établit une relation très forte due à l’implication de la personne pour laquelle existera le sens qui apparaît suite à la genèse de la forme. Celle-ci n’est pas rigide. Des formes nouvelles peuvent se détacher du fond en fonction de nos cadres de référence. Le recadrage ou le changement de contexte entraîne la découverte de nouvelles significations pour les actions déroulées dans ce cadre-là.
L’Intention Positive de l’Enseignant
L’intention positive de l’enseignant derrière cette approche paradoxale réside dans la volonté de créer un environnement d’apprentissage authentique et empathique. L’enseignant, loin d’incarner une figure intouchable et infaillible, devient un modèle de résilience et d’humilité. En montrant aux élèves que faire des erreurs est non seulement acceptable mais aussi une occasion de grandir, l’enseignant encourage une mentalité positive envers les défis.
L’Action Consciente
L’enseignant, étant conscient que chaque erreur est une opportunité d’apprentissage, plutôt que de voir les erreurs comme des échecs, les présente aux élèves comme des étapes naturelles vers la maîtrise d’un sujet.
La Démarche Pédagogique
La démarche pédagogique repose sur l’idée que l’erreur n’est pas le contraire de la connaissance, mais plutôt un compagnon nécessaire sur le chemin de la compréhension. Les enseignants peuvent intégrer des discussions ouvertes sur leurs propres erreurs, démontrer comment ils les ont corrigées, et même solliciter la contribution des élèves pour résoudre des problèmes liés à ces erreurs. Cela crée une dynamique collaborative où chaque erreur devient une pierre angulaire de la découverte.
Les Bénéfices pour les Élèves
1. Encouragement de la Résilience: Les élèves apprennent que faire des erreurs n’est pas un signal d’arrêt, mais plutôt une invitation à persévérer. Ils développent ainsi une résilience face aux défis académiques et à la vie en général.
2. Promotion de l’Autonomie: En reconnaissant le droit de l’enseignant de faire des erreurs, les élèves sont incités à prendre en main leur propre apprentissage. Ils comprennent que la recherche de la connaissance implique des hauts et des bas, mais qu’ils sont les architectes de leur parcours.
3. Favorisation de l’Empathie: Lorsque les enseignants partagent leurs expériences d’erreurs, cela crée un sentiment d’empathie chez les élèves. Ils comprennent que les erreurs ne définissent pas une personne, mais sont des opportunités de croissance.
En guise de conclusion, le droit de l’enseignant de faire des erreurs peut être un catalyseur puissant pour inspirer les élèves à embrasser l’apprentissage de manière holistique. C’est un appel à reconnaître que l’imperfection est une composante naturelle du chemin vers la connaissance, et que chaque erreur est une chance de s’élever vers de nouveaux sommets académiques et personnels.
Bibliographie :
Dafinoiu Ion, Elemente de psihoterapie integrativă, Iași, Polirom, 2001
Moreau André, Vivre ma vie ici et maintenant. La Gestalt-thérapie, chemin de vie, Paris, France, Editions Nauwelaerts, Beauvechain, Belgique et Editions Frison Roche, 2003 (Traduction en roumain par Virginia-Smărăndița Brăescu et parution chez l’éditeur Trei, Bucarest, 2005)
Mucchielli Alex, Arta de a influenţa, Iaşi, Polirom, 2002
Pennac Daniel, Comme un roman, Gallimard, Collection Folio, 2011