Publicat în La médiation pédagogique

La médiation pédagogique

L’épidémie de coronavirus nous a fait vivre l’urgence de devenir de plus en plus un animateur de classes virtuelles , ce qui suppose des compétences en communication relationnelle et en dynamique de groupe. C’est pourquoi la médiation fait naître une relation nouvelle à l’apprentissage, l’enseignant étant lui aussi invité à apprendre des choses nouvelles pour la préparation des cours. Le rôle médiateur de l’enseignant est un objet d’étude et de recherche actuel, car l’enseignant est de plus en plus censé repérer les difficultés d’apprentissage des élèves, afin de créer les outils pédagogiques adaptés aux objectifs à atteindre. Quant à l’évaluation, on évalue également autre chose que des connaissances savantes.

Prise en compte par les pédagogies nouvelles, la médiation à l’école permet à l’apprenant de s’inscrire dans ce monde en mouvement, de vivre le plaisir d’apprendre tout au long de la vie.  Médiation des contenus, des situations d’apprentissages, des supports, de l’évaluation… Une nouvelle pédagogie de la médiation est esquissée pour rendre l’enseignement plus adapté aux besoins des apprenants et introduire dans la classe un lien entre ce que l’élève fait et rencontre à l’extérieur et ce qu’il est en tant que personne. C’est la raison pour laquelle nous abordons la notion de médiation en relation avec le concept de transposition didactique, l’objectif que nous nous sommes fixé étant de déterminer comment l’intervention enseignante peut simplifier les savoirs savants pour qu’ils deviennent chez les apprenants opératoires dans la pratique, contribuant ainsi aux progrès de leur apprentissage.           

Dans son ouvrage École et médiations, Annie Cardinet, docteur en Sciences de l’éducation, formalise ce que peut apporter la médiation en éducation, particulièrement en pédagogie. Suite à des recherches approfondies et grâce à son expérience due aux applications des travaux de Reuven Feurstein et de Yacov Rand à l’éducation, Annie Cardinet identifie les grandes fonctions de la médiation:

  • une fonction communicative ;
  • une fonction éducative ;
  • une fonction de régulation sociale ;
  • une fonction de transmission de valeurs ;
  • une fonction de préparation à l’avenir.

Vygotski et Bruner, outre le PEI (Programme d’Enrichissement Instrumental) de Feuerstein, ont principalement contribué à établir la médiation comme facteur décisif du développement cognitif de l’enfant. Grâce aux interactions sociales, l’enfant s’approprie les deux fonctions du langage: une fonction de communication et une fonction planificatrice, structurante de la pensée et de l’action. En montrant les limites de la médiation et la collaboration de l’adulte, Vygotski explique qu’il ne sert à rien d’apprendre à l’enfant ce que son stade actuel de développement ne lui permet pas d’apprendre. Pour être efficace, l’intervention de l’adulte qui éduque (enseignants, parents …etc) doit se situer dans la ZPD – zone proximale de développement (Cf. L.S. Vygotski, 1985, „Pensée et langage”, Messidor-Éditions sociales, Paris) qui représente la disparité entre l’âge mental, ou niveau présent de développement, qui est déterminé à l’aide des problèmes résolus de manière autonome, et le niveau qu’atteint l’enfant lorsqu’il résout des problèmes non plus tout seul mais en collaboration. C’est pourquoi, pour être considéré comme un médiateur, l’enseignant doit ainsi intervenir de manière à provoquer un conflit cognitif chez l’apprenant.

La définition que donne Vygotski de la zone proximale de développement est la suivante : „c’est la distance entre le niveau de développement actuel tel qu’on peut le déterminer à travers la façon dont l’enfant résout des problèmes seul et le niveau de développement potentiel tel qu’on peut le déterminer à travers la façon dont l’enfant résout des problèmes lorsqu’il est assisté par l’adulte ou collabore avec d’autres enfants plus avancés.” (cf. Alain Moal, „La médiation pédagogique”, 1999 ).  L’enseignant-médiateur doit donc permettre l’intériorisation des procédures acquises dans l’interaction sociale pour que l’apprenant puisse les mettre en oeuvre de façon autonome, c’est à dire les intégrer dans le développement actuel.

Selon Jean Piaget („Psychologie et pédagogie”, Paris, Denoël-Gonthier, 1969), l’enseignant propose à l’enfant de surmonter un obstacle épistémique dont il a finement évalué la possibilité de franchissement, afin de provoquer un conflit cognitif, facteur de la construction interne d’un savoir. Il est important que les enseignants bénéficient d’une solide formation disciplinaire, didactique, pédagogique et dans le domaine du développement et de la psychologie de l’enfant et de l’adolescent, car c’est grâce à ces connaissances que l’enseignant peut déterminer les composantes de la médiation:

  • les supports matériels de médiation (un livre, un exercice, un objet à réaliser, etc.)
  • les supports immatériels (le débat, le travail en groupe, etc.) ;
  • les outils de médiation (la verbalisation, l’écriture, le dessin, la schématisation, la manipulation…)
  • les médiations cognitives sans lesquelles aucun apprentissage n’est possible : la résolution d’un conflit cognitif, le conflit socio cognitif, la métacognition et la pédagogie de projet qui permettent à l’élève de comprendre le sens de la construction du savoir à condition que l’élève soit véritablement acteur de son projet.

La médiation donne à l’enseignant la liberté nécessaire pour mettre en oeuvre et développer chez les élèves:

  • des attitudes actives (concentration, intériorisation, communication, projection dans le temps)
  • des compétences cognitives (classification, organisation, planification)
  • des compétences sociale(intelligence émotionnelle, chaleur humaine, empathie) qui favorisent les apprentissages, la compréhension et la mise en relation.

À part la transmission du savoir et son propre développement, l’enseignant se trouve donc chargé de développer l’autonomie des élèves qui lui sont confiés. Cela suppose l’adhésion à „une certaine idéologie de l’homme et des valeurs morales” (Annie Cardinet, 2000, École et médiations, Editions Eres, p.193) à une vision positive des capacités de l’autre à évoluer et à se développer, à un nouveau positionnement en tant qu’enseignant-médiateur.

Auteur: Prof. Virginia Braescu, Professeur de FLE