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Retour sur le 4e Congrès européen de la FIPF à Bucarest

Du 4 au 7 Septembre 2024, j’ai participé avec enthousiasme au 4e Congrès européen de la FIPF à Bucarest, en Roumanie: Ensemble en français !
Réfléchir, échanger, agir sur le monde d’aujourd’hui et de demain.
Ce rendez-vous incontournable pour les acteurs de la Francophonie m’a permis non seulement de renforcer mes convictions sur l’importance de l’enseignement du français langue étrangère (FLE), mais aussi de contribuer activement à promouvoir les valeurs de paix, de liberté, de diversité, de fraternité, de partage, de perspectives, de connectivité, de coopération, de solidarité et d’innovation qui sont au cœur de notre mission.

Dans un monde en constante évolution, enseigner le français ne se limite plus à la transmission linguistique. Il s’agit d’offrir aux apprenants les outils pour devenir des citoyens du monde, tout en respectant et en valorisant la diversité culturelle. Mon intervention, intitulée „La Francophonie en action : explorer, connecter et innover dans l’enseignement du FLE”, m’a permis de mettre en lumière des stratégies concrètes pour favoriser cette approche actionnelle dans nos classes de FLE, en explorant des pistes d’innovation pédagogique.

En tant que modératrice d’une des sessions de communications dans le cadre du Symposium No. 2 sur la Diversité culturelle de la Francophonie, j’ai eu le privilège d’échanger avec Jean Pierre CUK de l’Université Côte d’Azur, membre et rapporteur du Commité scientifique restreint du 4e Congrès européen de la FIPF à Bucarest. Ce symposium m’a permis d’approfondir la réflexion sur la manière dont la diversité culturelle enrichit non seulement la langue française, mais aussi notre manière d’enseigner et d’apprendre les cultures francophones.

Le Congrès a également été une occasion d’apprendre et de se former à travers une série d’ateliers passionnants. Parmi eux, j’ai participé à „C’est comment pour vous l’école du futur ?” et „Qu’allez-vous lire cet automne ?”, animés par Michel BOIRON, expert, consultant et formateur en français langue étrangère, ancien directeur du CAVILAM Vichy. Ces ateliers m’ont offert une perspective nouvelle sur l’école du futur et l’intégration des compétences de lecture dans l’enseignement du FLE, notamment en encourageant les élèves à devenir des „collectionneurs de paroles de lecteurs”. Cela a ouvert des discussions stimulantes sur la manière d’utiliser la lecture pour éveiller la curiosité et l’esprit critique des apprenants.

C’est comment pour vous l’école du futur ?

L’atelier „C’est comment pour vous l’école du futur ?” nous a proposé une réflexion sur l’évolution de l’école, en particulier sur l’intégration des technologies et des nouvelles approches pédagogiques dans l’enseignement du FLE. Michel Boiron nous a invités à imaginer l’école de demain, non pas comme un simple lieu d’enseignement, mais comme un espace où la collaboration, la créativité, et la diversité sont au cœur des apprentissages.

L’un des principaux axes de discussion a porté sur l’importance d’impliquer les apprenants dans leur propre processus d’apprentissage, en valorisant l’apprentissage collaboratif et en les rendant acteurs de leur parcours. À travers des activités pratiques, nous avons exploré comment les outils numériques, l’intelligence artificielle, et les méthodes de pédagogie active peuvent transformer nos pratiques et répondre aux besoins des apprenants du 21e siècle.

Ce qui m’a particulièrement inspiré, c’est l’idée que l’école du futur ne se limite pas à des innovations technologiques. Elle repose aussi sur des valeurs humaines et sur la nécessité de créer un environnement où l’interaction, la pensée critique et la capacité à résoudre des problèmes sont mises en avant. Michel Boiron a souligné l’importance de maintenir un équilibre entre l’utilisation des outils numériques et le développement des compétences sociales et émotionnelles, cruciales pour former des citoyens responsables et engagés.

L’atelier Qu’allez-vous lire cet automne ?”, axé sur la lecture, a été une véritable plongée dans la manière d’intégrer la lecture en langue étrangère au cœur de l’enseignement du FLE. Michel Boiron a partagé des stratégies concrètes pour rendre la lecture non seulement accessible, mais aussi captivante pour les apprenants, même pour ceux dont le niveau de langue est encore faible.

L’atelier s’est structuré autour de plusieurs axes pédagogiques :

  1. La perspective du lecteur : Nous avons exploré les différentes manières d’appréhender la lecture en classe, en tenant compte du contexte, des attentes des apprenants et de leur propre expérience de lecteur.
  2. La préparation du professeur : Un des moments forts a été l’approche du choix des œuvres à lire. Michel nous a encouragés à sélectionner des textes en fonction de l’âge, des intérêts et du niveau linguistique de nos apprenants. Il nous a également fourni des conseils pour rendre la lecture plus interactive : utiliser des supports visuels, intégrer des informations sur l’auteur ou le contexte du livre, ou encore organiser des discussions autour des thèmes abordés dans le texte.
  3. Les projets de lecture : L’un des aspects les plus novateurs de cet atelier a été l’idée de créer des „projets de lecture”. Plutôt que de simplement assigner un texte à lire, Michel Boiron a montré comment nous pouvons transformer l’acte de lire en une véritable aventure pour nos élèves. En planifiant plusieurs séances autour d’un texte ou d’un auteur, les apprenants peuvent s’approprier progressivement l’œuvre et découvrir des liens avec leur propre expérience. Par exemple, nous avons discuté de la possibilité de créer des journaux de bord, des blogs ou des affiches, où les élèves partageraient leurs impressions de lecture, leurs découvertes, et leurs propres créations inspirées par le texte.
  4. Créativité et manipulation du texte : L’atelier a également mis en lumière l’importance de la créativité en classe de FLE. Michel Boiron a suggéré diverses activités où les apprenants peuvent réécrire des passages du texte, changer le point de vue d’un personnage, ou même mettre en scène certains dialogues. Ces activités permettent non seulement de consolider la compréhension du texte, mais aussi d’encourager une réflexion plus profonde sur les thématiques abordées, tout en travaillant les compétences linguistiques de manière ludique.
  5. Exprimer son opinion : Michel Boiron a insisté sur la nécessité de donner aux apprenants un espace pour exprimer leurs opinions sur les textes lus. Que ce soit à travers des discussions en classe, des débats ou des productions écrites, il est essentiel de les encourager à formuler des jugements critiques, à prendre position sur les sujets évoqués dans les œuvres et à partager leurs appréciations personnelles.
  6. Traiter le vocabulaire : Enfin, l’atelier a abordé une question souvent sensible dans l’enseignement du FLE : le vocabulaire. Michel Boiron a proposé des stratégies pour aider les élèves à comprendre un texte sans les décourager par la présence de mots inconnus. Il a particulièrement insisté sur l’idée qu’un texte ne doit pas être „épuisé” par une explication trop détaillée de chaque mot. Au contraire, l’objectif est d’encourager les élèves à faire des hypothèses sur le sens des mots et à construire leur propre compréhension à partir du contexte.

Gamifier sa classe de FLE : pourquoi et comment ?

Le thème de la gamification dans l’enseignement du FLE, abordé par Halyna KUTASEVYCH, formatrice chez Francophonia Nice, m’a également interpellé. La gamification est une méthode qui consiste à intégrer des éléments de jeu dans l’enseignement pour rendre les apprentissages plus ludiques, interactifs et motivants. Dès les premières minutes de l’atelier, Halyna Kutasevych nous a fait comprendre à quel point la gamification peut transformer une classe de FLE en un environnement stimulant où l’apprentissage devient une expérience engageante pour les élèves.

Pourquoi gamifier ?

  • Stimuler la motivation des apprenants en introduisant des objectifs à atteindre, des défis à relever et des récompenses à obtenir.
  • Favoriser l’engagement en rendant les tâches plus dynamiques et en créant une atmosphère de compétition amicale ou de collaboration entre les apprenants.
  • Améliorer la mémorisation des contenus grâce à la répétition et à la pratique dans un contexte agréable et moins formel.
  • Encourager la participation de tous les élèves, même des plus timides, qui trouvent souvent dans les jeux un espace plus décontracté pour s’exprimer en français.
  • Développer des compétences linguistiques variées (vocabulaire, grammaire, expression orale) tout en s’amusant.

Comment gamifier ?

  1. Le recours à des plateformes numériques de gamification comme Kahoot!, Quizlet ou Classcraft. Ces outils permettent de transformer les activités de révision ou d’évaluation en quizz interactifs où les élèves gagnent des points ou progressent dans des niveaux en fonction de leurs réponses.
  2. Les jeux de rôle et les simulations : comment créer des situations immersives où les apprenants prennent des identités fictives et résolvent des problèmes en interagissant entre eux en français. Ces activités permettent de pratiquer l’expression orale dans des contextes variés et authentiques, tout en s’amusant.
  3. Les badges et récompenses : Dans une approche gamifiée, les élèves peuvent être récompensés par des badges virtuels ou des points pour chaque objectif atteint ou chaque défi relevé. Cette méthode crée une dynamique positive où les apprenants sont incités à progresser et à se surpasser.
  4. Les missions collaboratives : Un autre aspect clé de la gamification est l’intégration de missions ou de projets créatifs à réaliser en groupe, ce qui favorise la coopération tout en travaillant des compétences linguistiques.

Nous avons également discuté de la manière d’adapter ces techniques à différents niveaux de compétence et de maturité. Halyna Kutasevych a partagé des exemples concrets de scénarios de gamification qu’elle utilise dans ses classes, l’objectif étant de rendre l’apprentissage aussi interactif que possible, tout en assurant un équilibre entre le plaisir et les objectifs pédagogiques.

L’intelligence artificielle au service de l’enseignement du FLE

Un autre atelier marquant a été „L’intelligence artificielle au service de l’enseignement du FLE”, animé par Miranda Lomidzé, formatrice Francophonia Nice. Cet atelier m’a ouvert les yeux sur les nombreuses opportunités que l’IA offre aux enseignants pour personnaliser l’apprentissage et fournir des ressources adaptées aux besoins des apprenants.

L’un des points les plus marquants de l’atelier a été la démonstration d’outils d’IA capables de créer des exercices sur mesure pour chaque apprenant, en fonction de son niveau et de ses progrès. Miranda LOMIDZÉ nous a montré comment ces outils peuvent être intégrés dans nos pratiques pédagogiques pour soutenir l’apprentissage autonome des élèves.

Les chatbots pour la pratique orale

Un autre aspect fascinant de l’atelier a été l’utilisation des chatbots dans l’enseignement du FLE. Ces programmes d’intelligence artificielle peuvent simuler des conversations avec les élèves, leur permettant de pratiquer l’expression orale et la compréhension de manière interactive, tout en recevant des retours en temps réel. Miranda Lomidzéa expliqué que les chatbots sont particulièrement utiles pour les apprenants qui n’ont pas toujours la possibilité de parler français en dehors de la classe. Ils offrent un espace sûr où les élèves peuvent pratiquer à leur propre rythme, sans la pression d’un interlocuteur humain.

Analyse de données et suivi personnalisé

L’un des autres avantages majeurs de l’IA est la capacité à analyser de grandes quantités de données pour suivre les progrès des élèves de manière détaillée. Miranda Lomidzé a présenté des outils qui permettent aux enseignants de surveiller les performances de chaque élève à travers des tableaux de bord personnalisés. Ces outils fournissent des informations précieuses sur les forces et faiblesses des apprenants, permettant d’ajuster les cours en fonction de leurs besoins spécifiques. Cette approche rend l’enseignement plus réactif et efficace.

Limites et éthique de l’IA en classe de FLE

Toutefois, Miranda Lomidzé a également souligné certaines limites et questions éthiques liées à l’utilisation de l’IA en classe. Elle a insisté sur le fait que l’intelligence artificielle ne peut pas remplacer l’enseignant, mais qu’elle doit être perçue comme un outil complémentaire pour enrichir l’apprentissage. L’IA peut aider à automatiser certaines tâches répétitives, comme la correction d’exercices ou la génération de contenu, mais l’interaction humaine reste irremplaçable, notamment pour enseigner des compétences socio-culturelles et pour offrir un soutien émotionnel aux apprenants.

Chansons françaises et francophones d’hier et d’aujourd’hui

Enfin, l’atelier „Chansons françaises et francophones d’hier et d’aujourd’hui”, animé par Yann LIBRATI, directeur de Francophonia Nice, et Constantin DRĂGAN, formateur Francophonia Nice, a démontré la puissance de la musique pour connecter les enseignants de FLE et les apprenants avec la langue française d’une manière émotionnelle et mémorable. Ce fut également un moment festif lors de la soirée interculturelle organisée en partenariat avec l’ARPF – Association Roumaine des Professeurs Francophones.

Une vision renouvelée de l’enseignement du FLE

Ces ateliers m’ont donné des idées novatrices et des outils concrets pour enrichir mes pratiques pédagogiques. Je repars de ces ateliers avec l’envie de mettre en œuvre ces approches dans mes propres cours, convaincue que la combinaison de ludisme et de technologie est l’une des clés pour captiver et motiver les apprenants du 21e siècle.

Conférences inspirantes et nouvelles opportunités

La conférence de Yann LIBRATI, directeur de Francophonia Nice, sur le thème „J’enseigne le français et je forme les citoyens de demain” nous a invités à  réflechir sur le rôle fondamental de l’enseignant de FLE dans la construction de citoyens engagés et ouverts au monde. Son intervention a également été l’occasion de découvrir les valeurs de l’entreprise sociale Francophonia Nice, et de nouvelles initiatives, telles que le programme „Allumer les étoiles” et les bourses de formation Francophonia qui visent à soutenir les enseignants de FLE dans leur développement professionnel.

Les conférences plénières d’ouverture et de clôture du 4e Congrès européen de la FIPF ont été des moments forts, ponctués par des allocutions et l’intervention de grands acteurs tels:

Allocutions: Mme Cynthia EID, présidente de la FIPF; Mr. Guido CUSTERS, président de la CEO; Mme Jacqueline OVEN, présidente de la CECO;Mr. Sergiu NISTOR, conseiller présidentiel; Mr. Nicholas WARNERY, ambassadeur de la République française; Mme Rennie YOTOVA, directrice, OIF-Organisation Internationale de la Francophonie, Direction de l’enseignement et de l’apprentissage du français (DEAF); Mr. Sorin CÎMPEANU, président de l’AUF; Mme Irina COSOVANU, présidente de l’ARPF.

Conférence d’ouverture, Simona MODREANU, professeure des Universités et directrice des Editions Junimea de Iași, et Samir MARZOUKI, professeur émérite des universités, écrivain: Ce français qu’on oublie-ou pas-d’aimer.

Récital: Cristian CIAUSU, flûte de Pan

Cérémonie de clôture:

Conclusions des cinq Symposiums: Mr. Michel CHANDELIER (Symposium No. 1 – Le français et le plurilinguisme); Mr. Jean-Pierre CUK, (Symposium No. 2 – Diversité culturelle de la francophonie); Mme Rennie YOTOVA (Symposium No. 3 – Apprendre et enseigner à  l’ère du numérique); Mme Monica VLAD (Symposium No. 3 – Développement professionnel); Mme Cynthia EID (Symposium No. 4 – Langue française et société); Mme Doina SPIȚA, présidente du Comité scientifique, vice-présidente de la FIPF.

Conférence de clôture: Mr. Christophe RIOUX, professeur-chercheur, journaliste et écrivain: Les industries culturelles et créatives, sources d’innovation pour la langue française et la francophonie

Concert: KEO & Band  

Conclusion : un engagement renouvelé

Ce 4e Congrès européen de la FIPF a été un véritable laboratoire d’idées et de pratiques pour tous les passionnés de la Francophonie et de l’enseignement du français. Les échanges avec les collègues et intervenants, les ateliers riches en nouvelles perspectives, et les moments de convivialité ont renforcé ma conviction que la Francophonie est une force vivante, ancrée dans la diversité et l’innovation. En tant qu’enseignante de FLE, je repars de Bucarest avec une vision renouvelée de mon rôle : celui d’explorateur, de connecteur et d’innovateur, au service d’une Francophonie inclusive et dynamique. Je suis très enchantée et contente d’avoir revu et rencontré l’équipe de développement Francophonia Nice (Yann LIBRATI, Annick Miara REVELAT, Valentina BORISOVA, David AYACHE, Halyna KUTASEVICH, Miranda LOMIDZÉ, Constantin DRĂGAN etc.), mes chèr(e)s collègues et ami(e)s de Roumanie (Irina COSOVANU de Iași, presidente de l’ARPF, Mihaela POSTELNICU de Constanța, vice-présidente de l’ARPF, Gabriela MANGIR de Botoșani, Adriana PĂTRAȘCU de Constanța; Bianca DARABĂ de Tg. Neamț, Rodica Dumitrașcu de Găiești, Claudia PANCHIOSU de Buzău, Ana-Mirela BĂNCILĂ, de ma ville, Onești-Bacău etc.) et bien des collègues et ami(e) de plusieurs autres pays tels: Anne-Marie PAULEAU de France, formatrice de formateurs Francophonia Nice, Jana BIROVA, formatrice Francophonia Nice, présidente de l’Association slovaque des professeurs de français, Université Charles, Prague, République Tchèque; Radina MLADENOVA de Sophie, Bulgarie; Negica PANIC from Pirot, Serbie, Diana RUSNAK from Ukraine, Adila MEHYAOUI d’Algerie, Naima SEGHROUCHNI de Maroc etc. ) et je me sens plus que jamais motivée à poursuivre cet engagement et à transmettre ces nouvelles connaissances à mes élèves, convaincue que l’enseignement du FLE est un levier important pour former des citoyens du monde, ouverts, curieux et solidaires.  

Auteur: Virginia Brăescu    

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Autor:

Teacher, Trainer, Speaker, Project manager, Business Owner

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